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11 décembre 2013 3 11 /12 /décembre /2013 08:15

Publié par Quentin Blanc dans le Figaro Etudiant le 10 décembre 2013

Une forte utilisation du téléphone portable entrainerait chez les étudiants une baisse de leurs résultats scolaires et de leur qualité de vie, affirme une étude américaine.

Où qu’ils se trouvent, il est aujourd’hui rare que les étudiants n’aient pas leur portable à portée de main. Une situation qui, selon les points de vue, inquiète ou réjouit. L’utilisation excessive d’un smartphone peut-elle avoir un effet délétere sur la vie des jeunes? Une étude publiée vendredi 6 décembre dans la revueComputers in Human Behavior affirme clairement que oui. Selon les trois chercheurs de la Kent State Univeristy à l’origine de cette enquête, passer beaucoup de temps sur son smartphone entraine chez les jeunes une plus grande anxiété  et une baisse des résultats scolaires et du bonheur ressenti.

Avec un téléphone portable donnant la possibilité d’accéder à internet se développe souvent, explique les chercheurs, un sentiment d’obligation de rester connecté aux réseaux sociaux. Cette contrainte inconsciente empêcherait alors les jeunes de prendre du recul par rapport aux pressions  de la vie quotidienne, ce qui accroitrait l’anxiété qu’ils ressentent. «C’est comme si j’avais une obligation supplémentaire dans ma vie», explique un étudiant cité par l’étude.

LA DISTRACTION ENGENDRÉE PAR LES SMARTPHONES PEUT FAIRE BAISSER LES RÉSULTATS SCOLAIRES

Les résultats scolaires pâtissent également d’un usage excessif du smartphone. La principale explication apportée par les auteurs à ce phénomène réside dans la distraction  que représentent ces nouveaux outils. Qu’ils suivent un cours, travaillent chez eux ou étudient à la bibliothèque, les téléphones constituent en effet un accès permanent et instantané à diverses plateformes, des blogs aux réseaux sociaux en passant par les sites d’actualité, où l’information est continue et sans cesse renouvellée.

Les auteurs recommandent donc aux étudiants désireux d’améliorer leur qualité de vie et leurs résultats scolaires de modérer leur utilisation du téléphone portable, que ce soit pour accéder à internet mais aussi pour envoyer des textos. Enfin, ils estiment qu’il serait intéressant d’élargir le champ de telles études à d’autres classes d’âge, pointant notamment du doigt le fait que les étudiants ne sont pas les seuls à excessivement utiliser leurs téléphones portables.

 

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4 décembre 2013 3 04 /12 /décembre /2013 23:38

Publié le 5 Novembre 2013 dans Techniques de l'Ingénieur par Audrey Loubens

Dispositifs anti-ondes, vraie protection ou vraie arnaque ?

Dans son dernier rapport sur les radiofréquences, l’Anses en a profité pour tester les dispositifs anti-ondes. Verdict.

 

La méfiance vis-à-vis des radiofréquences reste forte et l’explosion des personnes dites « electro-sensibles » a donné des idées à certains. C’est ainsi que l’on voit fleurir des dispositifs censés nous protéger des ondes. Parmi les solutions les plus en vogue, le patch séduit de plus en plus. Petit, pratique et pas trop cher, quelques dizaines d’euros,  ces patchs à placer à l’arrière de son téléphone portable promettent d’absorber les ondes émises. Certains d’entre eux promettent même jusqu’à 99% de réduction du DAS. Le DAS, ou Débit d’absorption spécifique, est un marqueur de l’énergie dégagée par le rayonnement électromagnétique  auquel est soumis l’utilisateur de l’appareil. Des performances en partie confirmées par les tests de l’Anses. 

Parmi les 13 dispositifs anti-ondes, 11 patchs et 2 pastilles à coller. Les dispositifs de type étui de protection conduisent effectivement à une diminution allant de 71,56% à 99,53% du DAS ! En revanche, les dispositifs anti-ondes à positionner sur la batterie ou directement sur le téléphone ne montrent qu’une réduction de quelques pourcents.  Enfin, les systèmes à placer près de l’antenne permettent une réduction du DAS entre 8% et 76% environ. 

Le principe est de coller du métal au dos du téléphone. « Cela modifie l’antenne. Il est alors possible de diminuer le DAS car l’antenne n’est plus adaptée à son environnement, elle n’est plus apte à délivrer toute la puissance initiale. » explique Olivier Merckel, de l’ANSES.

De quoi confirmer les dispositifs dans leur utilité. Oui mais, il y a un mais ! En effet, en contrepartie de la diminution du DAS, la capacité de réception de l’appareil s’en retrouve très limitée, «[…] rendant difficile voire impossible la réception des appels » précise le rapport. En fait, l’appareil se retrouvant avec une  puissance diminuée, il n’est plus capable de fonctionner correctement et émet plus fort pour tenter de maintenir la liaison avec les antennes-relais. Tout le contraire de l’effet recherché. De plus, cela vide la batterie, déjà rapide à se décharger pour les Smartphones.

La conclusion de l’Anses est claire : « aucun effet probant de ces dispositifs sans une altération des performances du téléphone mobile. Au contraire, les protections qui modifient les performances radioélectriques des téléphones mobiles, en dégradant par exemple les capacités de réception, risquent, dans des conditions d’utilisation réelles, d’augmenter le niveau d’exposition de l’utilisateur. »

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4 décembre 2013 3 04 /12 /décembre /2013 23:29

Publié dans Le Perche.fr le 26 Novembre 2013

En maternelle et primaire, il est jugé préférable d’utiliser des solutions filaires, plutôt que du wi-fi.

A l'heure où des écoles adoptent les tablettes tactiles dans leurs classes, parents d’élèves et enseignants s’interrogent sur les risques liés aux ondes wifi.

« Quand je me promène dans Bellême, je ne peux m’empêcher de penser à l’impact des antennes relais sur la vie des riverains, déclare Simon Gouin, journaliste bellêmois qui a fait une enquête sur le sujet. Ces antennes sont situées sur le clocher de l’église, à quelques dizaines de mètres d’une école, sur le château d’eau de Sérigny, ainsi qu’au pied de la coopérative de Bellême. En mars 2012, des mesures ont été effectuées, à Sérigny, à 500 mètres des antennes, au lieu-dit Les Tiercelines. Au total, le champ électrique est de 0,8 V/m. Bien en dessous de la valeur limite des 21V/m, mais au-dessus des 0,6V/m préconisés par le Conseil de l’Europe afin d’éviter les conséquences négatives sur l’homme !

 

De plus, les mesures ont été effectuées à une distance de 500 mètres de l’antenne : qu’en est-il à 100 mètres ? Bientôt, comme sur l’ensemble du territoire français, la 4G sera installée : l’exposition aux ondes augmentera de 50%. Mais des impacts des ondes électromagnétiques, on n’entend pas parler, ou presque. On préfère se concentrer sur les prouesses techniques qu’elles nous permettent de réaliser. »

Si la majorité des parents estiment que l’utilisation de tablettes tactiles en milieu scolaire peut être utile à l’apprentissage des matières enseignées, il apparaît également que le niveau scolaire le plus adapté à l’introduction de ces tablettes est le collège.

Privilégier le filaire

En revanche, quand il s’agit des écoles primaires et maternelles, les personnes interrogées souhaitent tenir les enfants les plus jeunes à distance des écrans qui fonctionnent en wi-fi. Un extrait de loi est d’ailleurs passé cette année, qui recommande de privilégier les solutions filaires. « Les inquiétudes développées ces dernières années au sein de la société civile en matière de santé publique, notamment à l’égard des enfants les plus jeunes, doivent pousser l’Etat et les collectivités territoriales à privilégier les connexions filaires lorsque cela est compatible avec les usages pédagogiques et les contraintes locales

Le wifi interdit dans certains pays

«L’Angleterre, l’Allemagne et l’Autriche ont d’ailleurs interdit le wifi dans les écoles, car de façon générale, il serait plus nocif que les ondes des téléphones portables. Car les bornes wifi émettent en continu, peu importe qu’un ordinateur y soit relié ou pas. Elles sont comparables aux ondes émises par les micro-ondes.»

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4 décembre 2013 3 04 /12 /décembre /2013 23:16

Publié sur le site 01net le 4 Décembre 2013 par Frédéric Bergé

Alcatel-Lucent veut faciliter le déploiement par les opérateurs mobiles de petites antennes-relais, dont il est, par ailleurs, un ardent promoteur.

Moins visibles que les antennes actuelles, ces équipements se fixent sur des supports comme les lampadaires ou les panneaux d'affichage pour densifier la couverture radio, notamment en fréquences 4G, afin de faire face à l'explosion actuelle et à venir des connexions mobiles provenant des smartphones et des tablettes.
Leur déploiement en nombre est freiné par l’accès physique aux divers sites nécessaires et par le droit d’accès aux installations publiques et autres équipements urbains.
Pour lever ces obstacles, Alcatel-Lucent s'est associé avec neuf sociétés disposant de sites extérieurs susceptibles d'accueillir, dans de bonnes conditions techniques, ces minis antennes ainsi que les liaisons télécoms les reliant aux réseaux des opérateurs.
Près de 325 000 éléments de mobilier urbain ont été recensés
Parmi ces dernières figurent : les sociétés américaines CrownCastle (disposant de points hauts) et Zayo, opérateur de fibre optique. Ensemble, l'industriel des télécoms et ses partenaires ont certifié environ 600 000 sites, principalement aux Etats-Unis, ainsi qu'en Europe.
L'industriel affirme avoir recensé 325 000 éléments de mobilier urbain y compris des panneaux publicitaires, 30 000 toits et 10 000 installations apportant un réseau en fibre optique jusqu’à des bâtiments.
Les opérateurs désireux de déployer de petites antennes, en complément de leur couverture radio 3G et surtout 4G, devront se tourner vers ces partenaires d'Alcatel-Lucent. La certification des 600 000 sites est conçue pour leur faciliter l'étape cruciale de sélection de leurs sites radio, avant leur installation et leir mise en service.
Alcatel-Lucent en espère, à terme, un retour en terme de commandes de ces mini-antennes par les opérateurs mobiles, dans un contexte concurrentiel dominé par Huawei, Ericsson et Nokia, au niveau mondial.
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4 décembre 2013 3 04 /12 /décembre /2013 23:06

Publié dans Le Parisien le 20 Novembre 2013 par Jila Varoquier

Même sous la pression de leurs habitants, les maires ne peuvent pas s’opposer à l’installation d’une antenne-relais. C’est ce qu’a réaffirmé le Conseil d’Etat, dans une décision rendue fin octobre, à propos d’un conflit opposant la commune d’Issy-les-Moulineaux à l’opérateur Orange.

En février 2011, la mairie refuse l’installation d’une antenne-relais sur le toit d’un immeuble du 21, rue Rouget-de-Lisle.

Poussée par les habitants, elle avance le principe de précaution lié au débat sur les risques sanitaires que pourrait provoquer une exposition aux ondes électromagnétiques. D’autant qu’une école et deux crèches sont installées dans un rayon de 100 m. La ville ajoute que l’entreprise n’a pas donné d’informations sur le niveau maximal de champs électromagnétiques que recevront les salariés et riverains, une fois l’infrastructure installée. Le tribunal administratif de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise) lui donne d’abord raison, l’an dernier, estimant que le maire peut s’opposer à l’installation du matériel s’il constate que « tous les éléments ne sont pas fournis pour s’assurer que le projet n’est pas susceptible de représenter un risque pouvant affecter la santé publique de manière grave et irréversible, bien qu’incertain en l’état des connaissances scientifiques ».

 

Orange fait appel. Et, le mois dernier, le Conseil d’Etat lui donne raison. Confirmant ses récentes décisions, la plus haute autorité juridique administrative considère que l’état des connaissances scientifiques ne permet pas « d’établir l’existence d’un risque pour le public lié à son exposition aux champs électromagnétiques émis par les antennes-relais ». Les maires ne peuvent donc pas se prévaloir du principe de précaution pour empêcher leur installation. Les juges ajoutent également qu’aucune information sur l’estimation du niveau maximal d’exposition au champ électromagnétique n’est obligatoire.

« Nous nous attendions à cette décision, conforme à la jurisprudence du Conseil d’Etat, commente Christophe Provot, adjoint à la mairie d’Issy-les-Moulineaux. Récemment, le Conseil d’Etat a également précisé que, comme il existe au niveau national des autorités qui règlementent ce domaine, le maire n’a pas de pouvoir. Nous sommes donc désormais obligés de délivrer une autorisation. C’est encore une manière de déposséder le maire de ses compétences, mais nous en prenons acte. »

De son côté, Orange indique avoir noté « la décision du Conseil d’Etat d’avoir la possibilité d’installer en toute légalité nos antennes ». Celle de la rue Rouget-de-Lisle n’est toutefois toujours pas encore mise en place. L’opérateur précise qu’il « continue les études de cette installation pour optimiser son réseau et poursuit en parallèle les échanges avec le bailleur ». Certains élus de villes voisines parviennent toutefois à limiter l’implantation anarchique « par la négociation », explique l’un d’eux. « Car les opérateurs n’ont pas intérêt à entrer dans un conflit avec les villes : pour s’installer sur un toit, ils ont besoin de l’autorisation du conseil syndical du bâtiment, et donc, des mairies, quand il s’agit de logements sociaux. Même si les sommes qu’ils proposent pour louer ces espaces sont importantes et séduisantes pour les conseils syndicaux. »

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4 décembre 2013 3 04 /12 /décembre /2013 22:26

Plus les rayures rouges sont élevées, plus les mesures sont fortes mais dans les normes hélas trop laxistes ! En jaune, les azimuts des antennes. Les 2 du bas appartiennent à SFR, Place du Mont Ventoux. Elles sont disposées sur un toit d'immeuble à 12m de haut. Les 2 du haut, à Orange, sont contre le réservoir aux Cigalières et ne sont pas impliquées sur cette vue.

antennesSFR23nov2013

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26 octobre 2011 3 26 /10 /octobre /2011 00:07

http://www.bastamag.net/article1846.html

Publié le 25 octobre 2011 par Simon GOUIN sur www.bastamag.net

Quel est l’impact des ondes électromagnétiques sur la santé ? Et quels sont les seuils à ne pas dépasser ? Malgré les alertes scientifiques, les pouvoirs publics français peinent à prendre des décisions en la matière. Alors que de nouvelles antennes sont installées un peu partout en France, avec l’arrivée du quatrième opérateur de téléphonie mobile, seules les mobilisations de citoyens, encouragées par des associations, semblent faire bouger les lignes.

 

« On court derrière un TGV », explique Marc Arazi, coordinateur national de l’association Priartem, qui demande une réglementation sur l’implantation d’antennes-relais de téléphonie mobile. En ce moment, son association est sur tous les fronts. Et ils sont nombreux. Un peu partout en France, de nouvelles antennes-relais sont installées. Ce sont celles de Free mobile, qui va devenir, début 2012, le quatrième opérateur de téléphonie mobile français. Selon les jours, Priartem reçoit entre 6 et 10 demandes pour soutenir des riverains qui luttent contre ces installations.« Tous les jours, des réunions publiques sont organisées à travers le pays », résume Marc Arazi.

Ici, des parents d’élèves luttent contre une antenne située à proximité de l’école de leurs enfants. Là, des habitants d’un lotissement demandent qu’une antenne installée dans le jardin de leur voisin soit déboulonnée.« Les opérateurs peuvent donner entre 10 000 et 15 000 euros par an à un particulier pour qu’il héberge une antenne relais », note Marc Arazi. Quant à la « 4G », il en a vaguement entendu parler.« Les opérateurs nous disent qu’elle permettrait de réduire les émissions, rapporte-t-il.Mais nous ne les croyons pas. »

Des municipalités préfèrent la prudence

Des municipalités prennent des arrêtés. Comme, par exemple, la commune de Varades, en Loire-Atlantique, qui a demandé, début septembre, l’abaissement des ondes électromagnétiques à 0,6 V/m sur son territoire. Un seuil que préconise le Conseil de l’Europe depuis mai 2011. En février 2010, la mairie de Bordeaux a également voté une réglementation restrictive pour l’implantation d’antennes de téléphonie mobile : les riverains seront désormais associés à la décision [1]. À Paris, après l’échec des négociations sur le renouvellement de la charte des opérateurs, toute nouvelle installation d’antenne a été suspendue par la municipalité. Les opérateurs (Bouygues, Free, SFR, Orange) souhaitaient l’augmentation du seuil de puissance autorisée [2].

« Les municipalités sont responsables des nuisances produites par une entreprise qui est sur leur territoire, indique Catherine Gouhier, secrétaire générale du Criirem, le Centre de recherche et d’information indépendant sur les rayonnements électromagnétiques non ionisants. Le Criirem informe les municipalités, qui ont la possibilité de refuser l’installation d’antennes sur leurs bâtiments publics. Mais les maires sont-ils en droit de prendre des arrêtés dans ce domaine ? Le Conseil d’État devrait prochainement se prononcer contre ces décisions :« Les décisions du maire ne peuvent se substituer à celles du ministère chargé des communications numériques et de l’Agence nationale des fréquences[en charge du contrôle des fréquences] », a recommandé Xavier de Lesquen, rapporteur au Conseil d’État, chargé d’examiner les arrêtés de deux communes restreignant l’implantation d’antennes relais.

Un décret signé à la hâte

Une recommandation surprenante ? Pas si l’on en croit les révélations duCanard enchaîné [3] : Xavier de Lesquen est l’ancien patron du Défi Bouygues Telecom Transiciel, qui a participé en 2000 à la Coupe de l’America,« avec un bateau de 60 millions de francs dont les deux tiers ont été fournis par l’opérateur de téléphonie mobile »… Des faits trop anciens pour qu’un conflit d’intérêts existe, a répondu le Conseil d’État.

Mais un arrêt rendu par la cour d’appel de Montpellier, en septembre dernier, pourrait changer la donne. Il ordonne à SFR de démonter une antenne située à 80 mètres des maisons des plaignants. Ce jugement nie le rôle de service public souvent mis en avant par les opérateurs, et s’appuie sur le principe de précaution. « Une première qui risque de faire jurisprudence », se félicite Catherine Gouhier. Seule la justice, saisie par des citoyens, semble pouvoir pallier la réglementation française pour le moins laxiste dans ce domaine. Trois parlementaires européens, dont la française Michèle Rivasi (EELV), fondatrice du Criirem, ont demandé la révision des limites européennes d’exposition, qui datent de 1999 ! De nombreux appareils sans fil n’existaient pas encore...« Nous sommes au-delà de la phase d’alerte concernant l’utilisation abusive de la téléphonie mobile », a déclaré l’euro-députée.

De flagrants conflits d’intérêts

En France, c’est le décret du 3 mai 2002, signé à la hâte entre les deux tours de l’élection présidentielle, qui fixe les émissions maximales des antennes. Selon les fréquences, les puissances autorisées vont de 41V/m à 61V/m. Loin du 0,6 V/m aujourd’hui préconisé par les scientifiques et le Conseil de l’Europe ! Ces puissances sont tellement élevées qu’elles ne sont jamais atteintes. Autant dire que les opérateurs ne sont pas contraints… Mais un second décret, d’octobre 2006, vient contredire le premier. Il fixe une limite de 3V/m à la compatibilité électromagnétique des appareillages électroniques, par exemple les pacemakers.« Personne ne vérifie que cette norme est appliquée, regrette Catherine Gouhier.L’Agence nationale des fréquences n’est chargée que du décret de 2002. Pour celui de 2006, c’est le service des fraudes et des douanes qui doit s’en charger. »Or, ce service n’a pas d’ingénieur qui soit compétent dans ce domaine, ni d’instrument de mesure.

Mais sur quelles données scientifiques repose le décret du 3 mai 2002 ? Sur les recommandations de l’Institut international de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP). Or« l’ICNIRP a été dénoncé par les eurodéputés comme étant une émanation des industriels du secteur », indique l’association Robin des Toits, qui lutte contre les dangers supposés de la téléphonie mobile. Parmi les membres de cet institut, on trouve notamment Bernard Veyret, un scientifique français dont le laboratoire reçoit des financements d’Orange et de Bouygues Telecom, comme le montre sa déclaration d’intérêts personnels.

« Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose »

Des conflits d’intérêts qui sont apparemment nombreux. Ainsi, les études démontrant la non-nocivité des ondes sont souvent réalisées par des scientifiques liés aux opérateurs. En reliant les études et leurs sources de financement, un article du journal américain Microwave News fait apparaître que les études commanditées par les entreprises et l’armée de l’air des États-Unis montrent majoritairement que les ondes électromagnétiques n’ont aucun effet… Autre exemple : en mai dernier, s’est tenue une réunion au Centre international de recherche sur le cancer, le laboratoire de l’organisation mondiale de la santé (OMS) installé à Lyon. Juste avant cette réunion, l’association Priartem révèle que le président du groupe d’experts « épidémiologie », Anders Ahlbom – également expert pour l’ICNIRP –, exerce une activité de conseil auprès des entreprises de télécommunications. « Le lendemain, il était remplacé. Et l’OMS a ensuite classé les ondes électromagnétiques comme étant possiblement cancérigènes », raconte Marc Arazi. Sans la révélation de ce conflit d’intérêts, l’OMS aurait-elle pris cette décision ?

« Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose », cite Franz Adlkofer [4] pour expliquer l’effet de ces études qui affirment que les ondes électromagnétiques ne sont pas nocives pour la santé. Entre 2000 et 2004, ce professeur allemand a coordonné l’étude européenne Reflex, sur les ondes électromagnétiques, rassemblant les travaux de 12 équipes de chercheurs, provenant de 7 pays différents. Ses résultats montrent les dommages génétiques provoqués par une exposition chronique aux rayonnements des fréquences utilisées par la téléphonie mobile.

Le Wifi interdit dans les écoles

Les effets génétiques sont également pointés dans le rapport Bioinitiative, publié en 2007 et portant sur 1 500 publications scientifiques. Ce rapport alerte aussi sur les liens entre ondes électromagnétiques et tumeurs du cerveau, neurinomes acoustiques, cancers enfantins, effets neurologiques, maladie d’Alzheimer, cancers du sein, etc. Les chercheurs appellent à un seuil de précaution sanitaire de 0,6V/m. Un seuil repris par le Conseil de l’Europe, en mai 2011, qui préconise même, dans un deuxième temps, son abaissement à 0,2V/m.

Or, en moyenne, en France, les niveaux d’exposition se situeraient entre 0,1 et 5 V/m, d’après un rapport publié en août 2011, à la suite du Grenelle des ondes de 2009. Ou, d’après le Criirem, qui finalise actuellement une étude statistique sur le sujet, entre 1 et 2 V/m sur 80 % du territoire. Loin, en tout cas, du 0,6V/m préconisés par les scientifiques. Sans compter que ces recommandations ne concernent pas le Wifi, dont les émetteurs se multiplient, et dont les effets seraient également nocifs. L’Angleterre, l’Allemagne et l’Autriche l’ont d’ailleurs interdit dans les écoles. En France, aucune réglementation ne vient contraindre son utilisation. Pourtant, ces technologies auraient un effet déclencheur ou promoteur de l’électro-hypersensibilité de plus en plus de personnes.

L’enfer pour les personnes électro-hypersensibles

Depuis deux ans, Anne Cautain s’est réfugiée dans une grotte d’un hameau des Hautes-Alpes. En janvier 2009, cet agent d’entretien d’une résidence universitaire est devenue électro-hypersensible. Elle vivait dans un appartement HLM, situé à 50 mètres de 3 antennes-relais installées sur un toit d’immeuble. L’installation du Wifi sur son lieu de travail a déclenché ses symptômes : douleur intracrânienne très forte, tachycardie, veines des bras qui gonflent, picotements cutanés au bas du visage, troubles digestifs, sensation de brûlures. Anne Cautain a d’abord essayé de dormir dans une cave ou dans une voiture, avec une couverture de survie. Puis sa sensibilité s’est amplifiée : elle est devenue sensible aux appareils électriques, du réfrigérateur jusqu’au réveil alimenté par une pile.

Ce n’est que dans une grotte qu’elle a pu trouver refuge, les parois de la roche empêchant les ondes de passer. Puis elle a pu louer une petite maison de l’ONF pendant quelques mois. Une maison en dehors de tout champ électromagnétique, disponible jusqu’à la fin de l’été.« Il est très difficile de trouver des endroits sans onde », note sa fille, qui cherche à alerter les pouvoirs publics.« Ma mère va devoir retourner dans sa grotte, pour y passer l’hiver. »À la suite de l’installation de nouvelles bases d’émission d’ondes, l’entrée de la grotte est désormais « irriguée ». Anne Cautain ne peut plus s’en approcher.

En quête d’une « zone blanche »

L’électro-sensibilité d’Anne Cautain est survenue subitement. Mais dans la majorité des cas, l’apparition des troubles est plus progressive. C’est le cas, par exemple, pour Marine Richard. Écrivaine et journaliste, cette femme de 36 ans a tout quitté pour échapper aux ondes. Elle vit aujourd’hui dans une roulotte, dans le jardin d’une amie.« En présence d’ondes, certaines parties de mon cerveau sont moins irriguées, explique-t-elle.Notamment la zone de la mémoire, comme pour les malades d’Alzheimer. Je suis en état de choc, je ne réagis plus. »

Marine Richard est porte-parole de l’association Une terre pour les EHS – EHS pour électro-hypersensibles. Créée en avril 2011, soutenue par des médecins, des scientifiques, et des organisations nationales et internationales, l’association compte aujourd’hui plus de 400 membres. Et des « appels au secours » affluent tous les jours. En septembre dernier, l’association a organisé un rassemblement d’EHS dans la forêt de Saoû, à 40 km à l’est de Valence, l’une des dernières « zones blanches » en France. Son objectif ? Interpeller les pouvoirs publics sur leur pathologie, et demander la création d’un lieu préservé des champs électromagnétiques où les EHS pourraient vivre sans mettre en danger leur santé.

Vers un nouveau scandale sanitaire ?

Pour l’instant, leur demande s’avère vaine. Pire, l’indifférence générale règne. En France, contrairement à la Suède, où 290 000 EHS sont recensés, l’électro-hypersensibilité est loin d’être officiellement reconnue. Un rapport du Grenelle des ondes les renvoie à la psychiatrie…« Notre combat est difficile, déclare l’association Une terre pour les EHS,car il implique la suppression des technologies sans fil sur une minuscule partie du territoire, ce qui remet en cause la volonté de couverture intégrale des opérateurs de téléphonie mobile. »

Les EHS sont-ils des personnes plus sensibles que la moyenne ? Ou des révélateurs de ce qui pourrait atteindre une large partie de la population, d’ici quelques années ?« C’est une question de temps, mais le scandale sanitaire est inéluctable », estime Marine Richard. D’une part, le niveau d’ondes augmente constamment. D’autre part, les jeunes générations sont exposées de plus en plus tôt à ces rayonnements. En tout cas, la courbe des EHS ne fait qu’augmenter.« Actuellement, on estime que 2 % de la population serait sensible, à un stade ou un autre, aux ondes électromagnétiques, indique Marc Arazi, de Priartem.Dans quelques années, ils seront 7 %. Chacun aurait un potentiel électromagnétique, qu’il doit gérer. Il y a derrière un choix de société. »

Tous cobayes d’une expérience grandeur nature ?

« Il faut qu’il y ait une vraie réflexion sur ce que doit être la téléphonie mobile », avance Marc Arazi. Car baisser les émissions des antennes-relais est possible. À 0,6V/m, les téléphones portables fonctionnent… Mais à l’extérieur des bâtiments uniquement. Pour l’intérieur, Priartem recommande d’utiliser le téléphone fixe filaire.

En fait, pour limiter les émissions à 0,6V/m sur l’ensemble du territoire, sans diminuer l’utilisation du téléphone portable, il faut ajouter de nouvelles antennes. Mais toute nouvelle installation fait peur. « Or, il vaut mieux avoir plus d’antennes avec des puissances plus faibles, précise Catherine Gouhier. Pas facile de le faire comprendre. » Pour les opérateurs, installer de nouvelles antennes entraîne de nouveaux coûts. Ce qu’ils veulent à tout prix éviter. « On mène actuellement la plus grande expérience biophysique jamais réalisée, estime le professeur Franz Adlkofer. Et ce, sur l’humanité entière, expérience dont l’issue est plus qu’incertaine. »

Pour tester l’abaissement des émissions, le Comité d’opération sur l’exposition aux ondes radio (Comop) a été mis en place par le Grenelle des ondes, en 2009. Les négociations sont fastidieuses. « Les opérateurs prennent aujourd’hui prétexte qu’en baissant les émissions des antennes, en cas d’une urgence, si quelqu’un ne peut pas appeler, ils seront accusés en justice de ne pas avoir respecté leur contrat avec l’État, raconte Catherine Gouhier, du Criirem. Donc que c’est à l’État de signer un décret les autorisant à baisser la couverture du territoire. Cela devient grotesque. »

Simon Gouin

Notes

[1] L’arrêté du 12 février de la ville de Bordeaux décide que les projets d’implantation seront soumis à une commission comportant des associations de riverains ; que toute augmentation de l’état présent des niveaux de champs électromagnétiques est interdite ; et que toute implantation à moins de 100 mètres d’un lieu accueillant des enfants est interdite.

[2] à 10 ou 15 V/m contre 2 V/m actuellement

[3] Une antenne relais au Conseil d’État, Jean-Michel Thénard, 12 octobre 2011.

[4La protection contre les radiofréquences en conflit avec la science

 

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17 octobre 2011 1 17 /10 /octobre /2011 23:33

Publié le 17 octobre 2011 sur Clubic.com par Alexandre Laurent

La ville de Paris annonce la rupture de la charte qui la liait à la fédération française des télécoms. Elle dénonce les exigences formulées par les opérateurs mobiles quant à l'installation et à l'exploitation des antennes relais sur le territoire de la capitale.

Antenne relais

Panique sur les ondes ? Dans un communiqué, la ville de Paris a annoncé jeudi la rupture de la charte qui encadrait ses relations avec les opérateurs mobiles français. Elle affirme que les négociations nécessaires au renouvellement de cette charte n'ont pu être menées à bien, en raison des « exigences inacceptables » formulées par la fédération française des télécoms, qui réunit les principaux acteurs du secteur.

« Aujourd'hui 13 octobre, les Parisiennes et les Parisiens ne bénéficient plus des garanties apportées par la Charte Parisienne de la Téléphonie Mobile, tant du point de vue de la transparence que des seuils d'exposition aux ondes électromagnétiques de téléphonie mobile », écrit la mairie dans un communiqué.

Signée en 2003, cette charte propre à la ville de Paris visait donc à compléter les réglementations nationales relatives au déploiement des réseaux mobiles et aux enjeux sanitaires associés. Elle fixait par exemple à 2 V/m sur 24 heures le seuil maximum d'exposition aux ondes électromagnétiques de téléphonie mobile. Les opérateurs, soucieux d'augmenter l'efficacité de leurs réseaux parisiens, souhaitaient selon la ville augmenter ce seuil à 10, voire 15 V/m.

La fédération française des télécoms se dit quant à elle « surprise que la Ville de Paris fasse état d'une rupture des négociations alors que la réunion du 13 octobre était précisément la première réunion de négociation sur un projet de texte remis par la Ville le 19 septembre, et sur lequel la Fédération avait fait un certain nombre de propositions ».

Les élus écologistes du conseil de Paris appellent de leur côté la ville à faire plus ample pression sur les opérateurs en interdisant l'installation de nouvelles antennes tant que tous n'ont pas retrouvé la table des négociations. L'achoppement des discussions pourrait ne pas faire les affaires de Free Mobile, qui procède actuellement au déploiement de ses propres antennes sur le territoire français.

 

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7 juillet 2011 4 07 /07 /juillet /2011 23:41

Publié le 27 Juillet 2011 par Matthieu Lamelot sur Tom's Hardware

http://www.presence-pc.com/tests/ondes-electromagnetiques-criirem-23374/

L'ubiquité d'Internet ne fut pas la seule révolution à avoir secoué l'informatique dans les années 2000. Une avancée au moins aussi importante fut l'avènement des communications sans fil qui ont proliféré sous diverses formes : GSM, WiFi, DECT, Bluetooth, 3G, WiFi. La liberté offerte par ces liaisons radio leur a garanti un succès planétaire, au point qu'elles nous sont aujourd'hui indispensables.

 

Mais très rapidement les ondes ont aussi été accusées de représenter un danger à long terme pour la santé publique. Le sujet est complexe et sensible. De très nombreuses études ont été réalisées sans qu'une réponse claire et définitive ait pu être apportée, 20 ans après le déploiement des premiers réseaux GSM.L'incertitude a donné naissance a de nombreuses idées reçues parfois fausses, parfois fondées. Nous avons voulu répondre aux plus courantes, mesures à l'appui, en partenariat avec l'association Centre de Recherche et d'Information Indépendant sur les Rayonnements ÉlectroMagnétiques non ionisants, autrement dit, le Criirem.

Ondes : quelles sont les doses admissibles ?

La réponse à cette question dépend largement de celui qui la donne, mais rappelons simplement les normes réglementaires actuellement en vigueur en France. L’intensité des champs électromagnétiques est couramment exprimée en Volt par mètre (V/m). Le décret 2002-775 du 3 Mai 2002 fixe des limites variables selon la fréquence utilisée : 41 V/m pour les antennes relais GSM à 900 MHz, 58 V/m pour les GSM 1800 MHz et 61 V/m pour les antennes UMTS à 2100 MHz.

 

Il existe par ailleurs des limites pour les téléphones mobiles et smartphones. Leur puissance d’émission (puissance isotrope rayonnée équivalente, ou PIRE) est limitée à 2 W et ils doivent posséder un Débit d’Absorption Spécifique (DAS) de 2 W/kg. Le DAS exprime l’énergie absorbée par les organismes vivants en Watts par kilogramme de tissus(W/kg). Les téléphones DECT partagent avec les téléphones mobiles cette limite d’un DAS de 2 W/kg. 

 

Les routeurs WiFi, les oreillettes Bluetooth, les antennes Wimax doivent également respecter des limites de puissance rayonnée. Les équipements WiFi, sont limités à 100 mW (dans la bande des 2,4 GHz) ou 200 mW dans la bande 5 150-5 350 MHz et 1 W dans la bande 5 470-5 725 MHz. Les équipements Bluetooth sont répartis en trois classes. Ceux de classe 1 émettent moins de 100 mW, ceux de classe 2 moins de 2,5 mW, et ceux de classe 3 moins de 1 mW.

Faut-il aller vivre à la campagne ?

Face à ce que certains appellent la pollution électromagnétique, il peut être tentant d'aller s'installer à la campagne, loin des centres urbains. Est-ce une bonne solution ? Pour le savoir, nous avons pris des mesures à deux endroits différents. Le premier fut choisi dans la banlieue immédiate de Paris, à Courbevoie, dans une zone urbaine densément peuplée. Le second était son opposé : une maison située dans la campagne francilienne (Bréval) dont le premier voisin est éloigné de plus de 100 m. Chaque lieu possédait un équipement similaire : 4 téléphones cellulaires, au moins une borne WiFi, un ou plusieurs téléphones DECT, une femtocell UMTS. Afin de comprendre l'influence de chaque équipement, nous les avons éteints puis rallumés un à la fois.

 

En zone rurale, tous les équipements radio de la maison éteints, le champ électromagnétique latent était de 0,37 V/m. Le principal contributeur était la télévision hertzienne (0,3 V/m), un émetteur sur lequel on ne peut pas agir. Il y avait également une petite contribution d'une antenne GSM lointaine (0,03 V/m) et celle du téléphone DECT d'un voisin éloigné (0,1 V/m).

 

En zone urbaine, le niveau de champ global était de… 0,3 V/m. La différence absolue est ténue, mais on remarque que ce niveau de base était réparti sur un plus grand nombre de fréquences : FM-TV (0,1 V/m), GSM 900 (0,01 V/m), GSM 1800 (0,05 V/m), UMTS (0,04 V/m), Wifi (0,02 V/m).

 

Nous devons cependant souligner un point important : ces mesures sont susceptibles de varier significativement dans le temps. Par exemple, comme nous le verrons plus loin, il suffit qu’un voisin approche allume son WiFi ou passe une communication via son DECT pour que le champ reçu dans l’appartement augmente. Ce phénomène est évidemment plus probable en zone urbaine qu’en campagne.

Faut-il se méfier des antennes-relais ?

Nous venons de voir qu'habiter à la campagne n'est pas une garantie pour diminuer le niveau d'émissions électromagnétiques reçues. A dire vrai, cela peut même être néfaste.

 

Les réseaux cellulaires tirent leur nom du fait qu’ils sont formés de cellules, des zones où le réseau est créé par une antenne relais. Comme nous l’a expliqué Jean-Luc Vuillemin, directeur de la production réseau chez Orange, chaque cellule a une taille donnée, fixée lors de l’installation de l’antenne selon plusieurs paramètres. L’un de ces paramètres est le nombre de clients à servir. Chaque antenne possède en effet une capacité identique et limitée. En zone urbaine, ce nombre maximum de clients sera atteint rapidement à cause de la forte densité de population ; la taille de la cellule sera donc assez restreinte (typiquement 350 à 400 m de rayon à Paris chez Orange). En zone rurale, la taille d'une cellule pourra être nettement plus large (la norme GSM fixant une limite de 35 km de rayon pour les cellules GSM 900). Or plus la cellule est grande, plus la puissance émise par l’antenne pour la couvrir est importante. A une distance identique d’une antenne relais, deux habitations ne recevront pas la même « dose » d’ondes selon qu’elles sont situées dans une grande cellule à la campagne ou dans une petite cellule à la ville.

 

On peut donc vouloir s’éloigner au maximum des antennes relais. Ce n’est pas forcément une bonne idée. En effet, un téléphone mobile module la puissance du signal qu'il émet en fonction de la qualité du signal qu'il reçoit afin de maintenir l'intégrité de la connexion. Moins le réseau est fort, plus le téléphone émet : il crée alors à proximité immédiate de l’utilisateur un champ beaucoup plus intense que l’antenne relais. Ce phénomène est très bien illustré par nos mesures.

 

Dans notre lieu de test rural, les réseaux cellulaires ne sont quasiment pas reçus : nous n'avons rien relevé sur les bandes GSM 1800 ou UMTS et le GSM 900 oscillait entre 0 et 0,03 V/m. Pourtant, une fois les téléphones allumés, nous avons relevé de très fortes intensités en GSM 900, de l’ordre de 2,9 V/m. Cette valeur étaient obtenue à environ 2 m des téléphones. Selon le Criirem, on peut mesurer jusqu’à 50 V/m si l’on se place à seulement 2 cm d’un téléphone. L’exposition résultante pour les habitants de ce foyer rural était alors significativement plus élevée que dans notre point de mesure urbain où les réseaux sont toujours captés (bien qu'à des intensités faibles). Là, l'allumage des téléphones a eu une faible influence : l'UMTS est monté de 0,04 V/m à 0,1 V/m et le GSM 1800 de 0,05 V/m à 0,08 V/m. S’éloigner au maximum des antennes relais n’a donc de sens que si on se passe complètement de téléphone portable.

Faut-il éteindre son WiFi ?

Après les réseaux cellulaires, le WiFi est la technologie qui fait le plus souvent l'objet de critiques. Quelle est donc l'intensité du champ généré par un routeur WiFi comme les box ADSL présentes dans de si nombreux foyers ?

 

Nos deux lieux de test étaient différemment équipés en WiFi. Dans le rural, le réseau (WiFi g 2,4 GHz) est créé par une Livebox Pro et répété pour couvrir toute la maison. Dans l'urbain, deux réseaux sont créés par une TimeCapsule Apple (WiFi g/n : l'un en 5 GHz, l'autre en 2,4 GHz) et un troisième réseau est émis par une borne Apple Airport Extreme (WiFi g, 2,4 GHz). Le spectromètre que possède le Criirem ne sachant pas capter les fréquences au delà de 3 GHz, le réseau WiFi n 5 GHz fut donc ignoré par nos mesures.

 

Malgré une grande différence de configuration, nous avons relevé la même intensité dans chaque lieu : 0,3 V/m sans client, 0,5 V/m au maximum avec clients actifs. C'est 6 fois moins que le maximum émis par les smartphones. C'est également très proche du niveau de base mesuré aux mêmes endroits. Les réseaux WiFi semblent donc moins inquiétants que les réseaux cellulaires. Ils ont néanmoins ceci de particulier d’émettre près de la fréquence 2450 MHz, celle qui est utilisée par les fours micro-ondes. Cette fréquence est la plus efficace pour agiter les molécules d'eau ce qui provoque un échauffement et la cuisson des aliments. Pour un même niveau d’exposition, l’effet du WiFi pourrait donc être plus important que celui des réseaux cellulaires.

Peut-on éteindre complètement son WiFi ?

Si l'on souhaite vivre sans WiFi chez soi, on est rapidement confronté au fait que toutes les box Internet fournies par les opérateurs sont livrées avec le WiFi activé par défaut. Peut-on faire confiance aux box pour éteindre complètement leur WiFi ? Le cas des Freebox V5 est connu : ces box utilisent un réseau WiFi pour communiquer avec le boîtier TV, réseau qui persiste même lorsque l'utilisateur "désactive le WiFi" dans l'interface de gestion Free. Les Freebox suivantes recourent au CPL et ne posent a priori plus le même problème. Sur les Freebox, SFR box et BBox il faut également prendre garde à désactiver le WiFi communautaire ou hot spot, ce second réseau WiFi qui partage votre connexion avec tout abonné du même opérateur. Dans notre test, nous avons pu constater que la LiveBox Pro éteignait bien complètement son émission, de même que les bornes Airport et TimeCapsule.

 

Cependant, couper le WiFi de sa box n'est pas suffisant pour s'en prémunir totalement : il faut également convaincre ses voisins. Nous avons ainsi détecté un réseau WiFi à 0,02 V/m dans notre lieu de test urbain même lorsque toutes les bornes de l’appartement étaient éteintes. Ce problème aura naturellement moins de chance de se manifester à la campagne, puisque les voisins sont mécaniquement plus éloignés.

 

Il faut également faire attention aux autres équipements que les box ou bornes WiFi. Smartphones, consoles de jeux, PC portables continueront à émettre pour chercher un réseau auquel se connecter si on ne désactive pas leur puce WiFi.

Vaut-il mieux téléphoner avec son smartphone ou avec son DECT ?

Par un réflex sans doute conditionné par le prix des communications, on préfère appeler via son téléphone fixe que par son smartphone. Or ce téléphone fixe est le plus souvent sans fil, de type DECT. Qu'en est-il de leur niveau d'émission ?

 

Il est élevé, voire même très élevé. Au cours de nos mesures nous avons relevé entre 0,7 V/m et 1,3 V/m pour les deux téléphones DECT de nos deux foyers tests. C'est largement supérieur aux réseaux WiFi et seulement dépassé par les smartphones lorsque ces derniers sont coupés de leur réseau cellulaire. Pire encore, les bases des téléphones DECT continuent généralement d'émettre même lorsqu'on n'est pas en communication (les combinés n’émettent heureusement qu’en communication) .

 

Exemple de Babyphone \D'après nos partenaires du Criirem, cette surpuissance est due à la génèse des DECT : lors de leur mise sur le marché ils devaient résoudre les soucis de communication rencontrés avec les téléphones sans fil analogiques. Ils furent donc pensés pour maximiser leur portée (généralement garantie à 100 ou 300 m), pas pour minimiser leur puissance. Si vous cherchez à minimiser votre exposition aux ondes électromagnétiques, il vaut donc mieux éviter les DECT. Certains constructeurs ont heureusement lancé des DECT optimisés, parfois dits Eco DECT, censés moduler leur puissance d'émission en fonction de la distance d'éloignement du combiné et couper l'émission lorsque qu’aucune communication n’est passée ou que le combiné est sur sa base. La situation est identique pour les écoute-bébés ou baby-phones qui communiquent en DECT. Là encore, on commence à voir apparaître des modèles optimisés.

Faut-il avoir peur des femtocell ?

Depuis la fin 2008, SFR est le premier opérateur en France à proposer à ses clients d'installer chez eux une femtocell. Nous avons déjà eu l'occasion de tester cette mini-antenne relais domestique (cf. Test femtoccell : améliorer sa réception cellulaire). Son principe est de partager la connexion à internet d’une box ADSL classique via un un réseau 3G local. Les personnes se trouvant dans une zone blanche bénéficient alors d'une connexion 3G à leur domicile ou dans leur entreprise. La cible privilégiée des femtocells est donc les habitants des zones non ou mal couvertes en 3G.

 

On peut être réticent à l'idée d'installer dans ses murs une antenne relais, fut-elle "femto". Cependant, nos mesures montrent que la puissance émise par cette antenne est réellement très faible. Nous l'avons installée à notre emplacement de test campagnard, d’où les réseaux 3G sont parfaitement absents en temps normal. Après allumage de la femtocell, le champ électrique dans les fréquences de la 3G était de 0,1 V/m, une valeur parmi les plus basses que nous ayons mesurées, bien loin d'un téléphone DECT (≈ 1 V/m) ou d'une box WiFi (0,5 V/m). En outre, la présence de la femtocell diminue la puissance émise par les téléphones clients, qui jouissent alors d'une excellente réception. Loin d'être un danger, la femtocell peut donc être une solution pour diminuer la pollution électromagnétique ambiante. Ces mesures ont agréablement surpris les techniciennes du Criirem venues les réaliser. « Ma surprise se situe sur la pico antenne qui semble tout à fait raisonnable »a commenté Myriam Galbrun. « [Cela] confirme notre vision de multiplier des antennes moins puissantes pour la téléphonie mobile ». Le Criirem milite en effet en faveur de la multiplication des antennes relais, associée à une diminution de la puissance de chacune d'elles afin d'améliorer la couverture tout en minimisant les risques.

 

Il serait aussi logique que les opérateurs facturent les appels passés via une femtocell non pas sur l'abonnement mobile mais sur l'abonnement ADSL, puisque c'est par cette connexion qu'ils transitent.

Et le four micro-ondes ?

Les téléphones portables, DECT et le WiFi ne sont pas les seuls émetteurs de champs électromagnétiques couramment rencontrés dans un foyer. Le four micro-ondes en est un autre. Son fonctionnement est assez simple : un rayonnement électromagnétique est généré à très forte puissance (dépendante des modèles mais aux environs de 1000 W) dans l’enceinte du four. Cette forte énergie agitent les molécules d’eau ce qui provoque le réchauffement ou la cuisson désirés.

 

Évidemment, pour que l’utilisation d’un micro-ondes soit sans danger, il faut que le rayonnement reste confiné dans l’enceinte du four, idéalement parfaitement étanche. Dans la réalité, la porte laisse toujours filtrer une partie de l’énergie. Ces fuites sont encadrées par des normes : en France, elles ne doivent pas dépasser 137 V/m à 5 cm du four. Les fuites sont généralement bien inférieures. Plusieurs études citées par l’Office fédéral de la santé publique suisse montrent que les fours émettent généralement moins de 39 V/m. Le Criirem de son côté n'a pas mesuré des fours à plus de 60 V/m. Ces valeurs sont très élevées par rapport aux mesures que nous avons évoqué jusqu'à maintenant. La différence s’explique simplement par l’éloignement de notre sonde de mesure des équipements. La puissance reçue diminuant avec le carré de la distance, une mesure réalisée à 5 cm d’un émetteur donne un résultat 100 fois plus élevé qu’une mesure réalisée à 50 cm du même émetteur. Pour minimiser son exposition il faut donc s’éloigner de son four micro-ondes.

Le cas du Wimax et du Bluetooth

D’autres technologies de communication sans fil existent, l’une des plus répandues étant le Bluetooth que nous n’avons pas inclus dans nos mesures. Comme le WiFi, le Bluetooth émet dans une bande de fréquences allant de 2400 à 2480 MHz. Cependant le Bluetooth est une technologie pensée pour minimiser sa consommation en limitant la portée ou le débit. La plupart des oreillettes Bluetooth sont de classe 2, c’est-à-dire que leur puissance d'émission est limitée à 2,5 mW et leur portée à 10 m. Par comparaison, les équipements WiFi sont limités à 100 mW (dans la bande des 2,4 GHz) ou 1 W dans la bande des (5 GHz) et les smartphones sont limités à 2 W. Les oreillettes ont cependant ceci de particulier qu’elles sont utilisées au plus près du corps, comme les téléphones portables. Il existe en outre des périphériques Bluetooth Class 1, offrant une portée de 100 m grâce à une puissance d’émission portée à 100 mW.

 

Le Wimax est l’exact opposé du Bluetooth : cette technologie doit pouvoir couvrir de très longues portées (plusieurs kilomètres), et des débits suffisants pour un accès à internet haut débit. Les normes Wimax prévoient diverses fréquences, mais en France, c’est une bande située autour de 3,5 GHz qui est employée. La puissance des émetteurs varie selon les implantations entre 10 et 40 W selon l’Agence Nationale des Fréquences, des puissances très proches de celles des antennes relais GSM/3G (entre 20 et 60 W d’après Orange). En France, le Wimax fut porteur de nombreux espoirs pour les habitants des zones dites "blanches", mal couvertes par l'ADSL. Mais la technologie n'a jamais vraiment décollé. Le faible nombre d'utlisateurs fait qu'il y a eu également peu d'études sur les effets éventuels des ondes de 3,5 GHz.

Electrosensibilité : faux malades ou vrai problème ?

L’impact des ondes électromagnétiques sur la santé des êtres humains fait l’objet d’un intense débat depuis l’apparition des premiers téléphones portables. Depuis de longues années certaines associations civiles mettent en garde contre les dangers potentiels de cette technologie, alors que les pouvoirs publics et les industriels tiennent, eux un discours plus rassurant. Au fur et à mesure, certaines personnes se sont décrites comme électrosensibles, et évoquent des problèmes de santé liés au téléphone portable, aux antennes relais, etc.

 

Tout récemment, un pas significatif a tout de même été franchi : Le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) de l’OMS a classé les champs électromagnétiques de radiofréquences comme peut-être cancérogènes pour l’homme (Groupe 2B).

 

Président de l'ARTAC, le Pr Dominique Belpomme est cancérologue, Université Paris-Descartes. Par ailleurs, en France, un médecin cancérologue, le professeur Belpomme, étudie depuis 2008 les témoignages des personnes qui se déclarent électrosensibles. Pour lui, ces personnes sont de vrais malades, leurs symptômes ne résultent pas de maladies psychosomatiques ou psychiatriques.

 

A partir de plusieurs centaines de consultations, le professeur Belpomme a décrit un Syndrome d'Intolérance aux Champs Electromagnétiques (SICEM) qui se manifeste d’abord par de légers troubles neurologiques (maux de tête, fourmillements dans les membres, acouphènes, etc.) puis par de l’insomnie, de la fatigue, éventuellement une dépression, avant d’évoluer vers des déficits d’attention et de concentration et des pertes de mémoire immédiate.

 

Au fil du temps, les malades deviennent sensibles à des champs électromagnétiques d’intensité de plus en plus faible. En plus des symptômes, ce SICEM se remarque par des perturbations biologiques mesurables. Le professeur a mis au point un traitement, qui montre pour le moment des résultats encourageants, faisant regresser les symptômes chez une majorité des patients.

 

Ces recherches vont faire l’objet de publication dans des revues scientifiques à comité de lecture au cours de cette année. Les résultats de ces recherches pourraient aboutir d’ici 2015 à la reconnaissance par l’OMS de l’intolérance aux champs électromagnétiques comme une affection à part entière et pourraient pousser les pouvoirs publics, notamment en France, à reconnaître l’électrosensibilité comme une situation clinique permettant aux malades d’obtenir réparation comme c’est déjà le cas en Suède. Pour en apprendre plus sur ces recherches, vous pouvez consulter le site de l'ARTAC (l'Association pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse) présidée par le Pr. Belpomme.

Comment minimiser son exposition aux ondes

La question cruciale de l'effet des ondes électromagnétiques sur la santé humaine n'est toujours pas tranchée. Toutefois, les radiofréquences viennent d'être classées comme peut-être cancérogènes par l'OMS et l'électrosensibilité semble en voie d'être médicalement reconnue. Il est donc légitime de chercher, sinon à boycotter totalement les technologies sans fil, au moins à minimiser son exposition. Comme nous l'ont prouvé nos mesures, cela n'est pas chose facile, la réalité technique allant parfois à l'encontre de ce que suggère le bon sens.

Bien que les antennes relais de téléphonie mobiles cristallisent les peurs, il faut plus s'inquiéter des émetteurs que l'on a tout le temps sur, ou près de soi. En effet, parmi notre éventail de mesures, le champ électromagnétique le plus intense était celui créé par les téléphones eux-mêmes lorsqu'ils étaient incapables de capter leur réseau. Au contraire, lorsque les téléphones bénéficiaient d'une bonne réception, le champ électromagnétique qu'ils créaient était le moins puissant de toutes nos mesures. La première précaution à prendre est donc de ne téléphoner que lorsqu'on est dans une zone de bonne réception. A ce sujet, les femtocell (déjà vendues par SFR en France et qui devraient être généralisées par Free) semblent une bonne solution : elles-mêmes émettent une puissance vraiment très faible et elles minimisent l'émission des téléphones mobiles.

Après les téléphones cellulaires hors couverture, venaient les téléphones DECT, dont la puissance est souvent insoupçonnée. Il est donc important de s'orienter vers des modèles "Eco" ou de revenir aux téléphones filaires. Les parents inquiets doivent savoir que les baby-phones fonctionnent également en DECT. Enfin, les réseaux WiFi étaient parmi les moins puissants.

Notre test ne nous a malheureusement pas permis de mesurer de nombreuses autres technologies, telles que le Wimax, le Bluetooth, le CPL. De même, il nous a été impossible de voir le comportement des réseaux de téléphonie 4G, pas encore opérationnels.

Nous tenons à remercier le Criirem pour sa collaboration dans l'élaboration de ce dossier.

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8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 21:44

53 % des Français ont répondu par l'affirmative à la question : "Avez-vous eu envie de ne pas vous connecter à Internet pendant plusieurs jours ?", posée par l'Ifop fin 2010.

Publié dans le Monde le 04 Juin 2011

 

Avez-vous été tenté un jour de déconnecter ? D'étouffer sous un oreiller smartphone ou iPad pour ne plus vérifier vos mails ni au coucher ni au lever ? Si cette envie vous effleure, sachez…que vous n'êtes pas seul. 53 % des Français ont répondu par l'affirmative à la question : "Avez-vous eu envie de ne pas vous connecter à Internet pendant plusieurs jours ?" posée par l'Ifop fin 2010. Un comble alors que les smartphones, qui permettent de naviguer sur Internet en tout lieu devraient équiper un Français sur deux d'ici à la fin de l'année selon la société d'études GFK.

Ce paradoxe n'est pas uniquement français. Tandis que l'équipement technologique ne cesse de se démocratiser dans le monde, l'Australienne Susan Maushart  vient de publier un livre témoignage sur ses six mois sans technologie avec trois adolescents ("The Winter of Our Disconnect").

Dans la même veine a été organisée aux Etats-Unis, les 4 et 5 mars, le second"national day of unplugging"la journée nationale où l'on se débranche") imaginée par l'association Sabbath manifesto.

Le Monde.fr a lancé un appel à témoignages sous la formule : "Et vous, vous faites quoi pour déconnecter ?". Nous avons sélectionné quelques-unes des 166 réponses qui nous sont parvenues en quelques heures.

 

  • Mon taux de stress a rapidement diminué, par Fernand

Comme beaucoup d'entre nous, je suis avec intérêt l'actualité technologique. Naturellement, j'ai fini par m'acheter un smartphone : grand écran, réactivité éclair, des applications incroyables et tout Internet au creux de la main. Très rapidement, je ne l'ai plus lâché. Plus de bouquins dans le métro, plus de balades rêveuses dans les rues. Toujours en train de regarder si un nouveau mail était arrivé, toujours en train de jeter un œil à la carte du coin, de vérifier quelque chose. Même dans la conversation avec les autres, on ne laisse plus de place à l'imprévu, à l'incertain, aux souvenirs. La sensation que soudain tout est plus simple, tout est à portée de main.

J'ai tenu comme ça quelques semaines, puis j'ai craqué. J'ai récupéré un vieux téléphone à clapet, sans Internet, sans applications. Les basiques : appeler et envoyer des messages. Mon taux de stress a rapidement diminué. J'ai rapidement réappris à me laisser suprendre, à me laisser porter, à me perdre même parfois. Bref, à vivre, à faire face tout seul aux aspérités du quotidien.
Notre perception de la réalité est déjà impactée par les smartphones, qui introduisent une médiation dans le plus simple de nos gestes, la plus saine de nos joies. Difficile de retourner en arrière, mais alors, quoi ? Commencer par réaliser qu'on s'approche dangereusement, concrètement, de la servitude volontaire...

  • Se recentrer sur l'essentiel, par Claudia

Il y a sept ans j'ai éradiqué la télé, sans état d'âme. Trop difficile de gérer ce média envahissant et chronophage. Perte d'énergie importante sans assurance au final de bien gérer. Forte de tout ce que mon foyer a gagné en perdant la télé, j'ai continué à appliquer ce principe, si on laisse un doigt dans l'engrenage, on se fait bouffer le bras. J'ai besoin d'un téléphone portable, je ne suis pas non plus contre le confort. Par contre je n'ai pas besoin qu'on m'invente sans cesse de nouveaux besoins. J'ai donc exigé que mon téléphone soit un téléphone, rien de plus.

J'ai décidé que ma fille, 11 ans, était trop jeune pour Facebook plutôt que de la surveiller en permanence. Elle le découvre sur ma page, je sélectionne ce que je lui montre, je la laisse communiquer avec ses sœurs... Elle est accroc à l'ordinateur comme beaucoup de monde, interdiction d'y toucher en semaine, je n'ai plus à gérer le temps d'utilisation et elle ne cherche plus à bâcler ses devoirs. On ne prend pas les ordinateurs en vacances, etc.  Résultat notre maison est paisible. Peu de conflits, on se recentre sur l'essentiel, sur ce qui nous appartient vraiment.

  • Ne pas se connecter plutôt que d'avoir besoin de se déconnecter, par Philippe

Je suis cadre dans une grosse entreprise située dans une petite ville de province. A titre professionnel, j'ai un téléphone portable simple, pas un smartphone, que j'éteins dès mon retour du travail. Je vis en couple avec deux enfants de 9 et 13 ans, et nous n'avons pas d'autre téléphone portable, ni iPhone ni iPad. Juste un téléphone fixe. Nous avons une connexion Internet haut débit que nous utilisons peu, en moyenne moins d'une demi heure par jour. Nous avons d'autres centres d'intérêt : sport, lecture, bricolage, jardinage qui nous permettent de ne pas se connecter plutôt que d'avoir besoin de se déconnecter. Ce n'est pas par manque de moyens mais par choix de vie. Je considère cela comme de la prévention.

  • Je sors plus, je lis plus, je m'intéresse plus à ce que je fais.., par Azeleen

Je n'ai pas d'iPhone, j'ai tué mon compte Facebook, je n'ai pas d'iPad. Je n'ai plus qu'un simple téléphone portable qui ne sert qu'à téléphoner, avec une mobicarte. Du coup je reste joignable mais comme je n'ai jamais de crédit, je ne peux ni appeler ni envoyer des SMS...

Ainsi d'une consommation de plus de 200 SMS par jours j'en suis a 2 ou 3 par mois... Résultat des courses : je sors plus, je lis plus, je m'intéresse plus à ce que je fais... Par contre, j'ai un peu de mal à décrocher du PC (fixe) quand je m'y mets... J'aime bien les jeux vidéos. Le plus dur a été de décrocher de World of Warcraft, mais j'y suis également arrivé...
Et je revis...

L'extérieur est finalement bien plus agréable que l'intérieur de mon appart', et ne pas passer ses journées scotché à un écran, avec les yeux qui coulent et les maux de tête (je suis migraineux) est vraiment agréable...Plus que la clope et je serais libéré !

  • Je ne souhaite pas être rendue en esclavage, par Marie

Habitant à Paris, j'ai choisi que mon domicile serait un lieu privilégié de paix et de silence. Je n'ai pas la télévision et je m'en passe très bien, regardant sur Internet les programmes qui  m'intéressent. Mon téléphone portable est bien souvent coupé, il suffit de le consulter régulièrement pour voir si j'ai un message. J'ai décidé que tous ces outils de communication seraient à mon service et non l'inverse. Je ne souhaite pas être rendue en esclavage. C'est en constatant la sournoise dépendance que j'avais développée face à Facebook que j'ai décidé de fermer mon compte. Ne plus pouvoir m'en passer revêtait pour moi un caractère dangereux.
J'ai mis quelques jours à m'habituer, mais après plusieurs mois, je pense vraiment avoir pris une bonne décision. La vie est précieuse, à chaque instant. Vivre longtemps m'est égal, en revanche, bien vivre m'importe !

  • Je me donne des horaires, par Mathilde

J'ai 16 ans, et Facebook prend une grande partie de mon temps libre. En rentrant du lycée je me connecte, le week-end j'y passe beaucoup de temps et pendant les vacances ce sont des soirées entières que je consacre à Facebook. Pour réussir à me déconnecter, je me donne des horaires. Par exemple en rentrant du lycée je me donne un créneau pour mes leçons, sans ordinateur, sans portable et sans télé, puis un créneau pour Facebook. Même quand il n'y a plus rien à faire sur Facebook, on aime bien rester connecté pour être à l'affût des dernières nouvelles, attendre qu'une conversation s'engage et puis malgré nous, nous trouvons quelque chose à faire, des photos à regarder, des murs à explorer etc... Voilà pourquoi nous passons des heures devant un écran.

ARRÊTER UN OU DEUX JOURS LA CONNEXION

  • Le stress que je peux accumuler la semaine s'éteint le dimanche, par Florence

Je suis déconnectée et absente pour tous (pas de mobile) Je ne possède pas la télévision, par contre, je choisis la plupart du temps mes programmes en différé par Internet. j'achète des journaux mais je ne m'impose aucune règle, ceux-ci peuvent être nationaux comme locaux. J'ai choisi de vivre en plein centre ville, proche de mon travail pour ne pas emprunter mon véhicule la semaine. Le stress que je peux accumuler la semaine s'éteint le dimanche et cela me permet de repartir le lundi matin, les batteries rechargées.

  • Le week-end, le téléphone reste au fond du sac, par Diane

Je suis toujours pendue à mon téléphone, mail, SMS, Facebook, sites divers, dans les transports, sur le chemin de mon centre de formation, dans la voiture pour m'occuper quand mon ami conduit... Alors le week-end, le téléphone reste au fond du sac, oublié pour deux jours en mode vibreur. La télé ? Les infos de la semaine sont suffisamment matraquées : le peu de télé que je regarde, les collègues, la radio, les flux RSS, les réseaux sociaux... les 12 agents distributeurs de journaux gratuits que je croise le matin et les 5 du soir . Elle aussi, elle reste éteinte, ou alors allumée sur un DVD le soir, peut-être.

On redécouvre les jeux de plateaux et de cartes un peu exotiques avec des amis, on passe le temps derrière un bon repas, un livre. Mes parents ont trouvé encore plus radical : leurs vacances se passent en voilier, où le seul lien avec l'extérieur reste la radio qui égraine son bulletin météorologique "sécurité, sécurité, sécurité, avis de tempête.... Néant!"

 

  • Mon suicide Facebook fut d'abord un handicap

Avant d'être une libération, mon suicide Facebook fut d'abord un handicap. J'avais conscience qu'une bonne partie de l'Internet social y avait déjà été absorbé, mails, photos, échanges de bons sites, carnet d'adresse... Rester en marge impliquait d'être hors des circuits d'information, ceux des proches. Et de rater ainsi le week-end organisé par l'un, les nouvelles d'un autre.

Pourtant sans vie sociale en pixels, la force qui pousse à sortir pour cotoyer de vrais gens est plus forte en semaine. Une demi-heure à tergiverser entre 3 profils et 2 liens vidéos se solde généralement par un enracinement des doigts sur le clavier, voire sur la télécommande.
19h45...Cet échappatoire incompris ne m'a pas pour autant permis de vivre incognito. Même sans y être "tagué" mes incontrôlables apparitions sur la photo d'un proche repérée par tel autre trahissent mes fréquentations, mes allers et venues. J'ai seulement perdu l'œil sur ces informations tronquées qui me concernent. Elles me passent donc au-dessus. Ou en-dessous.
(...) Allez, déconnectez un peu et vous verrez comme tout s'apaise !

 

LE SPORT

  • La course à pied comme pour s'enfuir, par Gregor 

La course à pied, le running, le jogging. Comme pour s'enfuir. Ou se retrouver. Déconnecté du réseau, du www, de la toile et des lignes électriques – mais à l'écoute de mon pouls, de mon souffle. Déconnecter – pour se recharger.

Cette dictature de l'urgence, je la vis au quotidien, travaillant dans une start-up basée sur le WebMarketing. C'est important pour faire avancer le projet de ne pas avoir d'heures fixes, de pouvoir être disponible 24h/24, 7j/7. Toutefois, il est impératif pour suivre un tel rythme de se prendre quelques moments privilégiés loin de tout moyen de communication.

  • Du VTT sans aucun moyen de communication, par Quentin

Personnellement, je sors de cette "dictature de l'urgence" en partant faire du VTT sans aucun moyen de communication. Exit l'iPhone qui sonne pour un mail ou un message, exit la publication sur Twitter ou Facebook qui force à réagir, exit le message qui presse de faire une tâche en urgence un dimanche en fin d'après midi. Rien que la nature, la forêt et parfois un animal sauvage... De quoi se ressourcer pendant une heure ou deux et faire le vide avant le retour dans le monde de la communication.

Ma seconde solution est de m'allonger sur mon lit avec de la musique et des écouteurs et profiter d'un son qui transporte l'esprit loin des soucis du quotidien. Les musiques instrumentales sont parfaites pour ce genre d'exercice. Certains vous citeront la peinture, d'autres les jeux vidéos, d'autres encore un bowling entre amis. L'idée est de vous livrer corps et âme à une activité qui vous passionne en laissant les perturbations extérieures vous passer au dessus... Cela restant le plus dur à s'imposer.

  • Filtrer les appels et pas de compte Facebook, par Christine

Seule aux commandes de ma TPE, la déconnexion est plus difficile mentalement qu'autre chose... pour le reste ce n'est pas très compliqué, juste une question de volonté. Un seul téléphone portable mixte perso et pro sur lequel selon l'heure de la journée je filtre les appels, pas de compte Facebook (mes amis je leur parle de vive voix au téléphone ou mieux autour d'une table ou à l'occasion d'une balade dans les rues ou les chemins creux). Et surtout, deux soirs par semaine, deux heures de répétition de chorale, sans parler du temps de travail personnel, casque sur les oreilles, et des nombreux concerts. Le temps et les préoccupations s'effacent dès les premières notes et la déconnexion est totale. Et puis à l'occasion, un voyage lointain. J'étais en Californie il y a peu. Ma journée commençait quand celle en France finissait. Quelle liberté de découvrir un ailleurs. Prendre de la distance, méditer, se connecter avec soi même.

 

  • Partir dans  des endroits où il n'y a pas de réseau, par JJ

Je réponds à des mails professionnels tous les jours, à peu près à toutes les heures (c'est toujours urgent :-) Pour décrocher, une seule solution : partir à des endroits où il n'y a pas de réseau. Par exemple au tour de l'Aussangate, ou autour des Anapurnas. Là, en haute montagne, pour 20 jours je suis strictement injoignable. La terre continue à tourner et, en fait, tout le monde a pu se passer de moi, ouf.

 

  • Quand j'éteignais ces machines, je ressentais un vide, par Mathieu

L'avalanche de nouvelles technologies de communication m'a peu à peu égaré. J'ai pourtant fait mes études dans ce domaine. Plus les appareils se diversifiaient (iPod, netbooks, smartphones, GPS, etc.), plus je me sentais pressé entre ce désir de les découvrir, puis d'y être complètement attaché – "dépendant" diraient certains. Ce rythme effréné d'inventions plus incroyables les unes que les autres m'a peu a peu lassé. Au quotidien, j'avais parfois l'impression de passer plus de temps à des choses sans vie. Quand j'éteignais ces machines, je ressentais un vide que j'avais directement envie de combler en les rallumant, même si je ne le faisais pas toujours.

Aujourd'hui je vis tout autrement, mon rapport avec les technologies a progressivement changé, car je n'ai rien entrepris de radical. Simplement, je remplis l'espace que les technologies prenaient avec d'autres choses. Un livre, une randonnée, des conversations sans "bipbips", parfois même rien d'autre que le silence. Il m'arrive d'égarer mon téléphone, de ne pas répondre à des mails de manière trop hâtive, etc. Ça n'a rien changé à mes relations, car l'instantanéité de la réponse d'avant s'est transformée en sincérité, que le temps permet. Quand je vois dans le train le nombre de personnes qui vivent sur leur terminal, j'espère qu'ils ne ressentent pas ce vide triste que je vivais – s'ils arrivent à appuyer sur le bouton "veille".

 

 

 

 

 

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