Il ne s'agit bien évidemment pas d'un arbre de sève et de bois tendre. Mais d'un arbre-pylône : on n'arrête décidément pas le progrès ! C'est Bouygues Télécom qui est l'origine de ce sapin de Noël permanent, sans guirlande et sans boule? Avec l'énorme avantage que le résineux ne perdra jamais ses aiguilles sur la moquette du salon !
C'est d'un kitch confondant. Imaginez un arbre, style Playmobil, de vingt-sept mètres de haut avec des boulons gros comme des noix, des vis qui dépassent et des branches qui s'emboîtent comme des tubes dans une régularité dont la nature a horreur. Il y a vraiment plus glamour comme initiative environnementale !
Mais l'objectif principal de cette antenne-relais déguisée en faux arbre métallique, c'est de donner bonne conscience aux opérateurs de téléphonie mobile qui gâchent quand même le paysage avec leurs antennes juchées partout où elles peuvent l'être.
Remarquez, sans ces antennes, que deviendraient les accrocs du téléphone portable et les simples utilisateurs qui sont quand même plusieurs dizaines de millions? Difficile d'avoir le beurre, l'argent du beurre et le sourire de l'opérateur !
L'idée des professionnels de la téléphonie : ne pas braquer les riverains de ces antennes en leur faisant prendre des relais pour des arbres? Car les riverains de ce type d'installations, sont, disons, très chatouilleux. En l'occurrence, le plus proche voisin de cet arbre-pylône, c'est le? cimetière. Toutefois, les réactions hostiles face à l'installation d'antennes-relais sont de plus en nombreuses, plus pour leurs conséquences (encore incertaines certes) sur la santé que pour leur nuisance dans l'environnement.
C'est pourquoi, expliquait en 2007 une responsable de Bouygues-Telecom, « l'insertion paysagère est un geste citoyen. » À ce beau geste s'ajoute la main au portefeuille des opérateurs qui n'oublient pas de préciser que ce genre de pylônes coûte trois fois plus cher qu'un pylône classique.
À Vierzon, cette initiative est une première. L'arbre-antenne est en cours d'installation, derrière le cimetière de Villages. Et c'est plutôt impressionnant ! Il ne reste plus qu'à l'entreprise chargée de son installation, à le lever et le fixer. Même pas besoin de l'arroser tous les soirs.
Sur un autre registre, Vierzon comme les autres villes est également truffée d'antennes de ce genre, moins caméléons que cet arbre en toc. En 2006, 54.000 stations de radiotéléphonie parsemaient la France. Et chaque année, plusieurs milliers de relais nouveaux sont installés.
Pour remplacer les chênes qui meurent étrangement en forêt de Vierzon, verra-t-on bientôt un massif d'arbres factices servant d'antennes ?
Rémy Beurion