Publié dans Le Parisien le 20 Novembre 2013 par Jila Varoquier
Même sous la pression de leurs habitants, les maires ne peuvent pas s’opposer à l’installation d’une antenne-relais. C’est ce qu’a réaffirmé le Conseil d’Etat, dans une décision rendue fin octobre, à propos d’un conflit opposant la commune d’Issy-les-Moulineaux à l’opérateur Orange.
En février 2011, la mairie refuse l’installation d’une antenne-relais sur le toit d’un immeuble du 21, rue Rouget-de-Lisle.
Orange fait appel. Et, le mois dernier, le Conseil d’Etat lui donne raison. Confirmant ses récentes décisions, la plus haute autorité juridique administrative considère que l’état des connaissances scientifiques ne permet pas « d’établir l’existence d’un risque pour le public lié à son exposition aux champs électromagnétiques émis par les antennes-relais ». Les maires ne peuvent donc pas se prévaloir du principe de précaution pour empêcher leur installation. Les juges ajoutent également qu’aucune information sur l’estimation du niveau maximal d’exposition au champ électromagnétique n’est obligatoire.
« Nous nous attendions à cette décision, conforme à la jurisprudence du Conseil d’Etat, commente Christophe Provot, adjoint à la mairie d’Issy-les-Moulineaux. Récemment, le Conseil d’Etat a également précisé que, comme il existe au niveau national des autorités qui règlementent ce domaine, le maire n’a pas de pouvoir. Nous sommes donc désormais obligés de délivrer une autorisation. C’est encore une manière de déposséder le maire de ses compétences, mais nous en prenons acte. »
De son côté, Orange indique avoir noté « la décision du Conseil d’Etat d’avoir la possibilité d’installer en toute légalité nos antennes ». Celle de la rue Rouget-de-Lisle n’est toutefois toujours pas encore mise en place. L’opérateur précise qu’il « continue les études de cette installation pour optimiser son réseau et poursuit en parallèle les échanges avec le bailleur ». Certains élus de villes voisines parviennent toutefois à limiter l’implantation anarchique « par la négociation », explique l’un d’eux. « Car les opérateurs n’ont pas intérêt à entrer dans un conflit avec les villes : pour s’installer sur un toit, ils ont besoin de l’autorisation du conseil syndical du bâtiment, et donc, des mairies, quand il s’agit de logements sociaux. Même si les sommes qu’ils proposent pour louer ces espaces sont importantes et séduisantes pour les conseils syndicaux. »